750 grammes
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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 11:52

Les maquereaux scintillent, les lieus noirs frétillent, les asperges, vertes ou blanches, pointent leurs pointes à petits picots.

Les légumes nouveaux étalent sur les étals leurs couleurs printanières : navets à la robe blanche et parme, ébouriffés d’une touffe de feuilles dentelées, petits oignons, carottes nouvelles, tendrement kolé-séré par des élastiques, et mon ami d’enfance, le petit pois, qui s’apprête à sauter dans mon panier.

Les tiges roses et vertes de mon amie acidulée me tendent leurs bras parfumés. Encore un peu de patience, et j’en choisirai de pleines brassées chez mon maraîcher préféré, à moins que je n’opte pour la cueillette : la confiture de rhubarbe est pour très bientôt. Sans parler de la tarte, sur sa pâte sablée maison, à trois mille calories la part ! (non, j’exagère !)

Les fraises (françaises) sont encore un peu chères, mais l’appel de la charlotte retentit au bois de mon cœur…

 

Dessert tout trouvé pour le dîner de ce soir avec les amis ! Et pour précéder ce dessert princier, navarin d’agneau aux légumes printaniers.  

Commencez par préparer la tenue de soirée de vos petits légumes : laissez les oignons entiers, avec un large bout de vert (coupez-leur tout de même les poils, sinon ça fait négligé !), grattez les carottes, conservez-leur un bout de fane (un peu comme pour des radis) pour les assortir aux oignons, et laissez-les entières si elles sont bien fines, ou partagez-les en deux.    

   

Les navets sont si beaux qu’on ose à peine y toucher… Après leur avoir coupé la base dure des feuilles et la petite barbichette blanche, faites comme pour les carottes, grattez-les simplement et laissez-leur la peau, qu’ils ont très fine. Ils garderont ainsi leur jolie collerette parme, très appréciée des convives. Ça y est, vos légumes sont prêts ! Pour les faire patienter, adjoignez-leur un bouquet garni, ils auront le temps de faire connaissance avant de partager davantage d’intimité dans la cocotte en fonte, où vous devez sans plus tarder…    

…Faire crépiter un peu quelques morceaux de collier et d’épaule, suivis de près par une légère bruine de farine ; après quelques minutes de coloration, couvrez de bouillon jusqu’à mi-hauteur. Baissez le feu sous la cocotte, le moment est venu pour les légumes. Disposez doucement oignons, carottes et navets sur la viande, sans remuer. Nos amis printaniers cuiront à l’étouffée dans les effluves de l’agneau, qui vient de retrouver une vieille connaissance, le bouquet garni.    

 

Pendant que tout ce beau monde mijote dans la cocotte (pendant au moins une heure), occupez-vous des petits pois. Ecossez-les sans vous énerver. Attention : le petit pois a tendance à sauter hors de sa cosse, et à se rouler par terre de façon tout à fait inconvenante ; pour le calmer, rien de tel qu’une petite douche écossaise (le petit pois est d’ailleurs lui-même écossais !) : rincez-le à l’eau froide et réservez-le.

 

Dans une cocotte plus petite, laissez chanter une belle tranche de lard ou de poitrine d’agneau le temps d’une chanson. Shuntez le « tchchchchchch » en versant un litre d’eau dans la cocotte. Quand l’eau bout, plongez-y les petits pois dix minutes, puis égouttez-les.

   

Quand les invités arrivent, incorporez les petits pois au lard aux autres légumes mijotés avec l’agneau, et laissez  le tout au chaud, le temps de grignoter pour l’entrée d’autres amis printaniers : radis roses et blancs, mignons à croquer !

Au printemps, le marché est un enchantement, et moi, j’ai un petit pois dans la tête !

 

 

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 10:55

"Les épices sont à la cuisine ce que la ponctuation est à la littérature".

Olivier Roellinger, cuisinier corsaire,

faisant escale hier dans l'émission de radio "on va déguster" sur France Inter.

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 19:16

J’ai de la brioche…

…une idée préconçue : Une recette ancestrale, un secret de famille, jalousement gardé.

Un souvenir proustien, comme une madeleine, chaude et moelleuse, tendre et tentante.

 

J’ai de la brioche…

…la recette entre les mains. Joliment consignée sur un petit bristol, en caractères ourlés sur un papier jauni, elle s’est transmise sous le tablier, en catimini.

C’est la recette de la grand-tante, dont on a oublié le prénom, Louise ou Léonie. Seule sa légendaire brioche, au beurre demi-sel (150 grammes) a survécu à l’oubli.

 

J’ai de la brioche…

…en formation (à partir d’un certain âge, c’est tout à fait normal). Elle est en formation dans une jatte (C’est plus joli que dans un saladier, et c’est ce qui est écrit sur le petit bristol).

250 grammes de farine, gentiment disposés en fontaine, attendent le mélange eau-sucre-levure préparé à part :

Dans un petit bol ou un verre, délayer 15 grammes de levure de boulanger et 2 cuillérées à soupe de sucre avec une bonne cuillérée à soupe d’eau tiède, et verser le tout dans la jatte.  

Ajouter trois œufs entiers, bien battre à la fourchette pendant cinq à dix minutes.

Résultat : vous voilà tout(e) ramolli(e), comme le beurre qu’il faut maintenant incorporer.

 

 J’ai de la brioche…

…au bout de ma spatule. Elle ne veut pas se décoller, elle résiste, elle insiste. Sa force implacable m’inspire la conviction que boulanger est un métier d’homme. La lutte est acharnée.

Enfin elle se repose. Au fond de la jatte, pour deux ou trois heures.

 

 J’ai de la brioche…

…une autre vision. Je l’ai quittée lovée, au fond de la jatte, comme si elle voulait s’y faire oublier. Mais à présent elle s’est levée, elle a doublé de volume. Elle est si dodue, si replète, que je la laisserais volontiers telle quelle, mais il me faut l’aplatir, la mater à nouveau, pour lui montrer qui est le chef en cuisine !

 

Puis la laisser tranquille un petit moment.

C’est plus fort qu’elle, dès qu’on a le dos tourné, elle se lève.

Il faut encore la briser, la laisser remonter, la briser à nouveau (en tout trois fois), avant de la placer dans le moule.

 

 J’ai de la brioche…

…dans le four. Quelque chose la gonfle. Il faut croire qu’elle n’a pas été matée ! Elle enfle, elle se soulève comme un ballon se remplissant d’air. Elle va cuire doucement à 180°C pendant 30 à 35 minutes. En toute fin de cuisson, augmentez la température, elle revêtira une belle couleur dorée et un aspect brillant des plus appétissants.

 

 J’ai de la brioche…

…dans la bouche à présent. Elle ne colle plus, ne résiste plus, ne se soulève plus. Finie, la lutte acharnée ! Elle est fondante, tendre et moelleuse, fidèle à mon souvenir. Elle peut se savourer nature, ou avec une gelée de mûres…

 

J’ai de la brioche. Mais puisque c’est l’hiver, je porte un gros pull et un gros manteau.

J’ai de la brioche, mais ça ne se voit pas !

 

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 13:30

Au restaurant, Alphonse Allais examine avec soin la carte et le menu. Il finit par commander :
- Donnez-moi pour commencer...une faute d'orthographe !
Le garçon, imperturbable, répond :
- Il n'y en a pas, Monsieur Allais.
- Alors dans ce cas, pourquoi les mettez-vous sur le menu ?

 

 

 

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 16:48

 

Jean-Louis Fournier, à lire absolument ! Il est l'auteur d'une délicieuse "Grammaire française et impertinente" où les règles grammaticales et orthographiques les plus compliquées (ou les plus absurdes) de notre langue sont expliquées dans un français irréprochable… dans des phrases irrévérencieuses, politiquement incorrectes, bourrées d’humour souvent noir, mais tellement amusantes !... Même quand il va voir sa psy, il est drôle : 

 

 

J’ai demandé à mon ami vétérinaire de me faire une piqûre. Pas la dernière piqûre, celle qu’on fait aux animaux quand ils souffrent ou quand ils sont trop vieux. Non. Une piqûre pour devenir chat. J’en ai marre d’être un homme, c’est trop difficile.

 

Je suis jaloux quand je vois la vie de mon chat. D’abord il est beau, toujours beau, même quand il se réveille le matin. Le matin, il n’est pas obligé de se laver les dents, de choisir un vêtement. Il ne regarde pas le thermomètre avant de sortir, il s’habille pareil hiver comme été. Il n’a pas de chaussures à cirer, il n’a pas peur de faire des taches sur son costume. Il n’est jamais obligé d’être à l’heure, personne ne l’attend, on ne lui demande pas de faire quelque chose, il n’a pas à faire ses preuves.

 

Il fait la sieste toute la journée, il essaie d’attraper les mouches, il joue avec de jolies chattes auxquelles il fait des chatteries et des chatons. Il n’est pas obligé de nourrir ses chatons, de leur payer des études.

Et surtout, il est insouciant. Il paraît qu’il ne pense jamais à la mort. Il ne sait même pas qu’il va mourir, le veinard.

 

Mais attention, si je deviens chat, j’ai prévenu mon vétérinaire, qu’il n’essaye pas de me castrer.

     

Jean-Louis Fournier – Histoires pour distraire ma psy

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 18:33

Le vaporeux et le moelleux d’un petit nuage, l’onctuosité d’une crème légère et suave, culminant au-dessus d’un velouté aux cèpes à la température idéale. Mon cappuccino de champignons fait son entrée dans une verrine transparente. Sa couleur café rend l’illusion parfaite. Pour l’accompagner, un toast de tapenade maison, coiffé d’une chips de lard grillé.

 

L’endroit est sobre, élégant sans prétention. Les chaises de cuir ivoire sont comme l’atmosphère, confortables. La lumière est douce sur les murs de pierre et les poutres apparentes. Dans mon verre, un Corbières rouge (Clos Canos Tradition de 2007) s’est lové gentiment. Entre lui et un mijoté d’agneau aux pommes de terre et petites carottes, le courant passe. Dans sa cassolette, la viande, savoureuse et tendre, est aussi fondante que les pommes de terre, et l’orange des carottes contraste joliment avec quelques olives noires.

 

Pour finir, le dessert n’oppose aucune résistance. Croustillant de pommes et sorbet chocolat : sur un lit de caramel liquide, quatre rectangles de feuilles de brick où sommeillent des quartiers de pommes à peine cuits. Au sommet, une boule de sorbet au chocolat.

Le mélange réussi du croustillant et du mi-tendre : craquant sous la cuillère, fondant dans la bouche, un délice !

 

 

Un repas savoureux, un bonheur gustatif et une addition qui affiche 37€, vin compris.

 Le Médiéval – 42, rue des Chapeliers – 09000 FOIX

 

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 17:20

 

Le point commun entre Charlie et Algernon, c’est la motivation.

Algernon, la souris, est motivée par le fromage. Pour Charlie, le jeune homme « simple » (68 de QI), c’est l’envie d’apprendre.

Dans le laboratoire où Charlie et Algernon sont en « compétition », des médecins parviennent à décupler les facultés mentales par une opération du cerveau. Testée sur Algernon, l’opération réussit. Pourquoi ne pas la tenter sur Charlie ?

 

L’homme bat désormais la souris. Son QI a triplé. Langues étrangères, philosophie, mathématiques, musique et contrepoint, Charlie se passionne et s’adonne à ces disciplines avec une aisance stupéfiante.

 

Pourtant... Bête ou intelligent, Charlie est comme tout le monde, il a des sentiments. Peu de gens semblent s’en soucier. Tous s’intéressent à ses progrès, mais Charlie se sent seul. Il l’écrit dans son journal, un petit carnet que lui avaient demandé de tenir les médecins.

Un jour, au laboratoire, Algernon devient agressive, échoue dans ses exercices, signes inquiétants d’une dégénérescence cérébrale.  

Charlie va-t-il connaître le même sort ?    

 

Sur scène, Grégory Gadebois est seul. Il arrive en marchant, une petite mallette à la main. Parvenu face au public, il s’assoit dans un fauteuil et extrait son petit carnet de la mallette.    

Autour de lui, d’énormes néons verticaux, des fils et des câbles qui pendent, un écran accroché en hauteur. Une lumière froide, clinique, oppressante même.

Au fur et à mesure que se déroule le récit de Charlie, le fauteuil, de temps à autre, roule sur un rail, de gauche à droite.

 

Grégory Gadebois, touchant dans le rôle du « simplet », convaincant dans le rôle du surdoué, est crédible dans tous les registres.

De la pièce mise en scène par Anne Kessler et si brillamment interprétée par Grégory Gadebois, on en sort comme de la lecture du livre de Daniel Keyes. Bouleversé.

     

 

A lire : Des fleurs pour Algernon, Daniel Keyes

A voir au studio des Champs-Elysées, jusqu'au 31 décembre 2012

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 17:55

En ces temps de foire aux vins, c’est « LE » dessert idéal.

 

« D’accord », me direz-vous, « tatin, on voit bien ce que c’est, mais pourquoi vigneronne » ?

Eh bien, tout simplement parce que les pommes sont pochées dans le vin avant de se serrer gentiment  dans le fond du moule à tarte.

Hummmm, des pommes pochées dans le vin ! Quelle belle idée ! D’autant que c’est également la pleine saison des pommes…

 

Choisissez-en huit de la variété Reine des reinettes (ou grises du Canada), pas trop grosses. [Dans tous les cas, prenez des pommes qui tiennent bien à la cuisson, et évitez les Granny Smith, trop acides.]

 

Préparez tout d’abord une chouette pâte brisée (quand on la fait soi-même, c’est bien meilleur que les pâtes toutes prêtes).

 

Pendant que votre boule de pâte se repose une à deux heures au réfrigérateur, emparez-vous des pommes et n’ayez aucune pitié : coupez-les en deux, pelez-les et évidez-les.

Dans une grande sauteuse, versez 75cl de vin rouge (un monocépage, pinot noir ou grenache par exemple). Pour lui tenir compagnie, ajoutez un bâton de cannelle et 75g de sucre. Pour finir, posez les pommes, côté plat sur le fond.

 

A l’aide d’un couvercle, jetez un voile pudique sur cette scène torride, laissez les pommes prendre ce bon bain de vin chaud pendant trente minutes à feu doux.

 

Sortez-les délicatement du bain. Toutes chaudes et toutes rosies, elles peuvent aller se ranger docilement dans le moule à tarte, côté bombé sur le fond cette fois. Attention, ne les collez pas contre le bord du moule !

 

Préchauffez votre four à 200°C durant dix minutes.

Pendant ce temps, laissez réduire le vin à la cannelle quelques minutes, jusqu’à ce qu’il devienne sirupeux. Versez-en généreusement plusieurs cuillères à soupe sur les pommes dans le moule. Réservez le sirop restant, ce serait dommage de n’en rien faire…

La pâte brisée maintenant ! Transformez votre boule de pâte en disque (un jeu d’enfant pour vous qui avez toujours adoré la géométrie dans l’espace !!!) pour en couvrir délicatement les pommes. Ça dépasse ? Pas de souci : ne coupez pas les bords mais glissez la pâte entre les parois du moule et les pommes.

Votre pâte sur les pommes n’est pas tout à fait un disque, et ressemble plutôt à la croûte du vacherin dans sa boîte. C’est parfait !

 

Piquez la pâte avec une fourchette et enfournez trente à quarante minutes, le temps pour la tarte d’arborer une belle couleur dorée.

Démoulez la belle tatin vigneronne sur un grand plat….Quelle merveille ! D’un geste large et généreux, arrosez du sirop restant, parsemez d’une poignée de pistaches concassés. Magnifique !

 

A déguster tiède, ce dessert n’a qu’un seul défaut : dès qu’il est terminé, tous ceux qui y ont goûté en ont à nouveau une énooooooorme envie...

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 13:46

Trèèèèès librement inspirée de mes dernières vacances à la montagne, cette chronique vous rappellera peut-être des souvenirs...

     

Pour quitter le bruit et la fureur de la grande ville où vous habitez (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux…), vous avez décidé de partir cet été dans le silence, loin de tout, à la montagne.

Là bas, là-haut, fuyant le tintouin des « Pin Pon », le rugissement des camions et les pétarades des motos, scooters et mobylettes, vous atteindrez enfin le Nirvāna, le Walhalla, enfin un truc en « A » évocateur de calme et de tranquillité.

 

Dans les immensités grandioses des alpages (ou des estives si vous avez choisi les Pyrénées ou le Massif Central), vous attendent quelques réjouissantes perspectives : le murmure du ruisseau, le bruissement du vent dans les branches des mélèzes et le grésillement des insectes dans les vertes prairies…

 

Après neuf heures de trajet sous un soleil de plomb ponctué d’incessants « quand est-ce qu’on arrive ? », vous parvenez enfin à l’auberge d’étape qui sera le « camp de base » de votre périple montagnard, point de départ de l’excursion de quatre jours et trois nuits en refuges d’altitude dans la Réserve Naturelle de la Vallée de…

 

Le gérant de l’auberge propose en hiver l’activité de chien de traîneau, et, erreur fatale, ce détail vous avait échappé au moment où vous avez effectué votre réservation via son site internet. Dans son chenil, jouxtant le dortoir, une des chiennes est en chaleur et hurle à qui mieux mieux.

« Jour et nuit », vous dit le patron d’un air goguenard, « et encore… Heureusement que je l’ai isolée… » Vous ne comprenez pas pourquoi il dit « heureusement » mais vous lui souriez poliment car il a des bras comme vos cuisses et est armé d’un bâton.

 

De temps à autre, il sort, et de toutes ses forces de montagnard accoutumé à fendre des bûches à la main, il assène de grands coups de bâton sur le grillage en métal où hurle la chienne, en lui criant « couchééééé ! ».

Vous connaissiez déjà la persistance rétinienne et découvrez avec stupéfaction l’existence d’un curieux phénomène : la persistance auditive.

Le « Claannng-claannng-Awououou-wououhouou-couchéééé ! » restera longtemps dans votre mémoire sonore.

 

Ce soir-là, vous vous installez dans le dortoir à dix lits que vous partagez avec une autre famille. Les quatre filles âgées de six à quatorze ne cessent de glousser longtemps après que la lumière soit éteinte. Vous bénissez l’inventeur des boules Quies et tentez d’oublier le matelas défoncé et la couverture grattante.

Le lendemain matin, vous quittez d’un bon pas et sans regret l’auberge où la chienne continue de hurler.

 

Après une heure de marche, vous commencez à percevoir quelques gazouillis d’oiseaux dans les ramées. Mais votre bonheur ornithologique est bref. Dévalant la pente à tout berzingue, un troupeau de vaches tintinnabulantes et beuglantes s’invite sur votre sentier. Pas moyen d’être tranquille, c’est pas possible !

Heureusement, ça ne dure pas, et le Dingdingdingding…dingdingding, cataclop-cataclop-Moooouuuuu des cinquante têtes à cloches est rapidement oublié.

 

La randonnée est sublime, seule vous a importuné une troupe de chocards à bec jaune vraisemblablement intéressée par votre pique-nique, qui a bruyamment manifesté son désir de vous voir terminer votre sandwich le plus rapidement possible, à grands renforts de désagréables croassements.

 [Leurs cris ne ressemblent pas à ceux émis généralement par les corbeaux. On peut entendre un doux 'preeep' en cascade et un subtil sifflement descendant 'weeeooo', les deux cris variant quelque peu en hauteur et en intensité, le dernier sonnant comme une version grinçante de celui du crave à bec rouge. Un 'churr' roulant est utilisé comme cri d'alarme. Les oiseaux qui se nourrissent paisiblement ou se reposent au calme dans les dortoirs communs émettent une série de gazouillements et de notes bavardes. Source : Oiseaux.net]

 

La nuit dans le premier refuge d’altitude est mémorable. Le groupe électrogène fait un barouf d’enfer. Evidemment, il est accolé au dortoir.

 

Dans le deuxième refuge, il semblerait que tous les occupants du dortoir fassent partie d’un symposium organisé cette nuit-là sur le thème « Ronflements sonores et apnée du sommeil en altitude, quelles solutions ? »

La nuit n’a bien sûr apporté aucune réponse à cette épineuse question et les boules Quies ont atteint leurs limites.

 

La troisième nuit, le dortoir du dernier refuge d’altitude devient le lieu insolite d’un concert de musique expérimentale. Dépassant (et de loin) John Cage et ses balles de ping pong jetées sur les cordes d’un piano ouvert, ou la musique dodécaphonique de Pierre Boulez et ses « concertos pour porte de garage » ou ses « symphonies pour robinets qui fuient », vous avez droit à un concert de fermetures éclair et de sacs plastique froissés. Une aubaine !

Tout le monde, sans exception, a quelque chose à trouver dans son sac, de préférence à l’heure où vous comptez vous endormir, ou bien une heure avant l’heure à laquelle vous avez prévu de vous réveiller.

Ça farfouille, ça trifouille, ça fouine, ça cherche, ça remue dans un « scritchi-scritchi-zzzzip-ziiiip-zzziiiip » incessant. Vous avez l’impression d’être dans un terrier d’animaux fouisseurs.

 

Ça vous rappelle que demain matin, pour votre dernier jour de randonnée, vous avez rendez-vous avec les marmottes. Dans ces montagnes si calmes, si tranquilles…

 

août 2012

 

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 15:50

J’ai la pêche en ce moment ! C’est la pleine saison, et il faut en profiter, parce que ça ne dure pas…

 

Jaune ou blanche, la pêche a tout pour plaire. Ronde et délicate, elle a une peau douce et soyeuse, qui, même si elle ne se mange pas, peut servir à faire un délicieux sirop.

Quand vous pelez votre pêcheã, mettez la peau et le noyau dans une petite casserole, versez-y un grand verre d’eau et une bonne cuillère à soupe de sucre.

 

Faites chauffer à feu doux environ dix minutes. C’est le temps qu’il vous faut pour manger votre pêche, coupée en quartiers dans une petite coupelle, où elle se mélangera gaiement avec un yaourt (de la faisselle ou du fromage blanc) ou, pour les plus gourmands, avec une belle boule de sorbet à la framboise.

(Sorbet à la framboise qui, ne l’oublions pas, se marie également très bien avec le melon, charentais ou Galia).

 

Sinon, toute seule, la pêche est également délicieuse, une chair généreuse, sucrée et juteuse. Un régal…

 

Mais revenons à nos noyaux ! Nous avons fini de déguster notre pêche exquise, et notre sirop de pêche est fin prêt. Il faut maintenant passer le jus au chinois, et verser le sirop dans un verre que vous laisserez au moins deux heures au réfrigérateur (plus longtemps, c’est encore meilleur).

Et voilà ! Un sirop de pêche rafraîchissant, désaltérant et surtout délicieux…

 

  

ã N’oubliez surtout pas de bien rincer votre pêche, la peau a certainement été traitée !

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Des diplômes de Lettres et de Bernard Pivot, un insigne de la confrérie des taste-nouilles...Me voici aujourd’hui rédactrice-confiturière !
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